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dimanche 31 mai 2009

Jour 7

Je me love dans ta robe de nuit bourgogne, seul dans notre lit, en début de nuit.
Et je pleure. Sanglote.
Pas plus de quinze minutes ma belle, c’est ce que nous avions convenu. Pas plus de quinze minutes de pleurs par séance.
Et chaque jour depuis l’apparition des mots cancer, maladie, tumeur, métastase, nous avons pleuré.
D’amour.
Plus que de peine.
Jamais plus de quinze minutes par séance.
Jamais plus de huit ou neuf séances par jour.
Je sanglote en triturant ta robe de nuit.
J’ai l’impression que tu me bordes.
Que tu me rassures.
Que ma peine ne fait que passer.
Que mon amour règne.
Et je m’endors.
Comme un bébé.
En paix.
Comblé.
Merci d’être venue me border hier soir ma belle.
Saloperie de maladie.
Mon corps est entier mais il me manque la moitié de mon âme.
Ma sœur. Mon âme.
Nous avions des serrures pour nos clés et des clés pour nos serrures.
Quand on se sentait suffisamment en sécurité pour déverrouiller nos portes, alors nous pouvions être entièrement et honnêtement qui nous sommes.
Nous pouvions être aimé et aimer pour ce que nous sommes et non pour ce que nous prétendions être.
Mon bel amour.
J’ai une aile en moins.
Le moteur est en panne.
Les conditions météorologiques sont mauvaises.
Le staff est en grève.
Et mon train d’atterrissage est à terre.