dimanche 31 mai 2009
Jour 5
Ça fait déjà cinq jours que t’es partie rejoindre ta gang.
Pendant quelques instants, quelques heures avant que tu n’expires, j’ai vu ta gang d’anges quelque part dans un autre espace que le nôtre, insensible à notre peine et à nos pleurs, qui trépignaient de joie et de bonheur à te retrouver.
Ils se disaient « Paule s’en revient », tous rassemblés, émus de ton retour imminent.
Est-ce que j’ai imaginé quelques instants ces êtres de lumière ( il y en avait une bonne quinzaine collée les uns sur les autres) émus et se répétant « Paule s’en vient »…
Ça m’a beaucoup réconforté.
Beaucoup.
Ça m’a permis d’atténuer, peut-être de transcender mon « Paule s’en va »…
Paule s’en va. Paule s’en vient.
Paule s’en vient. Paule s’en va.
Paule est ici.
Paule est là.
Paule est en moi. Mais je m’ennuie que tu ne sois pas à côté de moi.
Je m’ennuie des petits déjeuners copieux, du café bien chaud, du pain germé, du beurre de macadamia, de la confiture, des céréales trempées.
Et encore du café.
Pendant que tu enfiles ton tablier pour une séance de peinture.
Ou tes broches pour une séance de tricot.
À côté du poêle à bois.
Sereine, heureuse et comblée dans ton atelier.
Ton espace protégé.
À l’abri du tumulte.
Reconnaissante et débordante de gratitude.
Je suis réconforté de te savoir libre, de sentir que ton passage dans « l’au-delà » était habité par un fort sentiment de gratitude et un tout aussi fort sentiment de vouloir servir les autres.
Tu voulais vivre.
Tu voulais aimer.
Jamais plus autrement que de la façon dont tu éprouvais l’amour depuis deux mois.
Un amour plus pur. Sans scories.
De temps en temps, j’éprouve ton absence comme un abysse.
Un vide vertigineux sans repères.
Heureusement, c’est de temps en temps.
Le reste du temps, je m’ennuie de tes yeux, de tes mains, de tes seins. De nos pleurs, de nos rires, de nos mots d’amour.
Mon minoue. Ma belle mine. Ton minou a le cœur brisé.
Et il est en manque de toi.
Ton corps sera incinéré aujourd’hui.
Cent heures depuis ton dernier souffle.
Tu patientais dans une chambre froide. Je voulais éviter de précipiter les choses, que tu prennes ton temps pour t’extirper de ton corps.
Ce corps.
Que j’adorais
Tu le sais.
Chaque centimètre, chaque pli, chaque circonvolution, chaque saillie, du bout de tes cheveux au bout de tes orteils.
Ce corps.
Tous ses gestes, ses mouvements lents et vifs à la fois, ses arabesques, tes orteils qui te sont aussi utiles que tes doigts.
Je ne savais pas que tu mourrais. Ta mort était une abstraction. Ce n’était pas du déni ma belle. Juste un non-sens.
Je ne pouvais y songer, en parler, l’envisager, simplement parce que j’étais avec toi.
Je dansais avec toi.
Je pleurais avec toi.
Je parlais avec toi.
Je mangeais avec toi.
Je te lavais, je t’embrassais. Je veillais sur toi.
Tu ne pouvais mourir.
J’ai failli.
Tu seras incinéré dans quelques minutes.
J’irai sur mon coussin chercher à être équanime et conscient.
Ton corps brûlera.
Peut-être mon âme te libérera.
Et je saurai que tu es éternelle.
Pendant quelques instants, quelques heures avant que tu n’expires, j’ai vu ta gang d’anges quelque part dans un autre espace que le nôtre, insensible à notre peine et à nos pleurs, qui trépignaient de joie et de bonheur à te retrouver.
Ils se disaient « Paule s’en revient », tous rassemblés, émus de ton retour imminent.
Est-ce que j’ai imaginé quelques instants ces êtres de lumière ( il y en avait une bonne quinzaine collée les uns sur les autres) émus et se répétant « Paule s’en vient »…
Ça m’a beaucoup réconforté.
Beaucoup.
Ça m’a permis d’atténuer, peut-être de transcender mon « Paule s’en va »…
Paule s’en va. Paule s’en vient.
Paule s’en vient. Paule s’en va.
Paule est ici.
Paule est là.
Paule est en moi. Mais je m’ennuie que tu ne sois pas à côté de moi.
Je m’ennuie des petits déjeuners copieux, du café bien chaud, du pain germé, du beurre de macadamia, de la confiture, des céréales trempées.
Et encore du café.
Pendant que tu enfiles ton tablier pour une séance de peinture.
Ou tes broches pour une séance de tricot.
À côté du poêle à bois.
Sereine, heureuse et comblée dans ton atelier.
Ton espace protégé.
À l’abri du tumulte.
Reconnaissante et débordante de gratitude.
Je suis réconforté de te savoir libre, de sentir que ton passage dans « l’au-delà » était habité par un fort sentiment de gratitude et un tout aussi fort sentiment de vouloir servir les autres.
Tu voulais vivre.
Tu voulais aimer.
Jamais plus autrement que de la façon dont tu éprouvais l’amour depuis deux mois.
Un amour plus pur. Sans scories.
De temps en temps, j’éprouve ton absence comme un abysse.
Un vide vertigineux sans repères.
Heureusement, c’est de temps en temps.
Le reste du temps, je m’ennuie de tes yeux, de tes mains, de tes seins. De nos pleurs, de nos rires, de nos mots d’amour.
Mon minoue. Ma belle mine. Ton minou a le cœur brisé.
Et il est en manque de toi.
Ton corps sera incinéré aujourd’hui.
Cent heures depuis ton dernier souffle.
Tu patientais dans une chambre froide. Je voulais éviter de précipiter les choses, que tu prennes ton temps pour t’extirper de ton corps.
Ce corps.
Que j’adorais
Tu le sais.
Chaque centimètre, chaque pli, chaque circonvolution, chaque saillie, du bout de tes cheveux au bout de tes orteils.
Ce corps.
Tous ses gestes, ses mouvements lents et vifs à la fois, ses arabesques, tes orteils qui te sont aussi utiles que tes doigts.
Je ne savais pas que tu mourrais. Ta mort était une abstraction. Ce n’était pas du déni ma belle. Juste un non-sens.
Je ne pouvais y songer, en parler, l’envisager, simplement parce que j’étais avec toi.
Je dansais avec toi.
Je pleurais avec toi.
Je parlais avec toi.
Je mangeais avec toi.
Je te lavais, je t’embrassais. Je veillais sur toi.
Tu ne pouvais mourir.
J’ai failli.
Tu seras incinéré dans quelques minutes.
J’irai sur mon coussin chercher à être équanime et conscient.
Ton corps brûlera.
Peut-être mon âme te libérera.
Et je saurai que tu es éternelle.