mardi 21 juillet 2009
21 juillet
« J’ai planté un chêne au bout de mon champ »
Une magnifique mise en scène pour défier le temps.
Lors de mes promenades dans le boisé derrière la maison de Serge, je remarquai un chêne rouge. Une essence noble qui cherche à survivre sur un bout de terre ingrate, à cheval sur un sentier, se disputant l’espace, les nutriments et le soleil avec mille voisins avides.
Du haut de son mètre et quart, il cherche à croître à l’écart de la clôture métallique du centre de détention des femmes. Il s’est enraciné au pied de la clôture et pousse obliquement vers la liberté.
Hors les murs de la prison.
Il a sûrement quelques racines dans l’enceinte de l’institution, mais tout ce qui est visible s’en éloigne.
Le jeune chêne se déploie en dépit des obstacles, du mieux qu’il peut, en cherchant un peu d’air et un rayon de soleil.
J’ai décidé de l’arracher à l’ingratitude de son enfance.
Ce chêne est si vaillant.
Et inspirant.
Je le saluai une semaine durant, au petit matin, dans ce silence fragile des hommes encore endormis.
Hier, avec ma pelle et l’enthousiasme de mon frère, nous l’avons retiré de son pénible environnement pour le transplanter dans un vaste espace paisible, ensoleillé à distance respectueuse de nobles compagnons.
Dans un environnement où le soleil se couche à l’horizon, où le vent agite même les courts brins d’herbe, où les champs en fleurs laissent passer les chevaux, les moutons ou les ratons.
Le choc fut nécessairement brutal. Inévitable.
Même si rien n’en paraissait.
À peine quelques feuilles (les jeunes pousses du haut) ont manifesté ce rude coup que représente le déracinement et l’exil.
Je me permets de croire que, sans mon intervention, malgré sa vaillance, ce noble chêne n’aurait pu être cet arbre au bout de mon champ.
Ce chêne qui un jour protègera du soleil le pique-nique des grands ou qui soutiendra une balançoire pour les petits enfants de Martin et Catherine.
Il est déjà prodigieux qu’il ait pu sortir de prison. Qu’il ait pu croître en dépit des coups des randonneurs ou du vent qui usait sa délicate et tendre écorce sur la clôture « frost ».
Peut-on dire qu’il était déjà affaibli, malade, sans force par tant de revers ?
Ou fut-il renforcé par tant de détermination !
Que fera-t-il de sa mémoire ?
De sa lutte pour sa survie dès le jour où un gland a trouvé racine, jusqu’à celui d’une « retraite anticipée » au bout de mon champ.
Peut-être s’ennuiera t-il de sa clôture, des randonneurs et de ses envahissants voisins.
Peut-être que le combat pour se faire une petite place dans la nature vaut mille fois la prairie et un horizon sans fin au bout de mon champ.
J’en ai décidé autrement.
Je demande pardon à ce chêne rouge.
Je rends hommage à son combat si brave et inspirant.
J’assume la responsabilité de sa retraite anticipée au bout de mon champ.
J’espère qu’il se déploiera sans entraves.
Que ses branches monteront au ciel, que ses racines plongeront dans les entrailles de la terre et que les enfants de Ludwig et d’Alice se construiront une cabane sur ses solides branches d’où ils pourront admirer le coucher de soleil ou les chenilles qui trouvent refuge sous ses larges feuilles.
Une magnifique mise en scène pour défier le temps.
Lors de mes promenades dans le boisé derrière la maison de Serge, je remarquai un chêne rouge. Une essence noble qui cherche à survivre sur un bout de terre ingrate, à cheval sur un sentier, se disputant l’espace, les nutriments et le soleil avec mille voisins avides.
Du haut de son mètre et quart, il cherche à croître à l’écart de la clôture métallique du centre de détention des femmes. Il s’est enraciné au pied de la clôture et pousse obliquement vers la liberté.
Hors les murs de la prison.
Il a sûrement quelques racines dans l’enceinte de l’institution, mais tout ce qui est visible s’en éloigne.
Le jeune chêne se déploie en dépit des obstacles, du mieux qu’il peut, en cherchant un peu d’air et un rayon de soleil.
J’ai décidé de l’arracher à l’ingratitude de son enfance.
Ce chêne est si vaillant.
Et inspirant.
Je le saluai une semaine durant, au petit matin, dans ce silence fragile des hommes encore endormis.
Hier, avec ma pelle et l’enthousiasme de mon frère, nous l’avons retiré de son pénible environnement pour le transplanter dans un vaste espace paisible, ensoleillé à distance respectueuse de nobles compagnons.
Dans un environnement où le soleil se couche à l’horizon, où le vent agite même les courts brins d’herbe, où les champs en fleurs laissent passer les chevaux, les moutons ou les ratons.
Le choc fut nécessairement brutal. Inévitable.
Même si rien n’en paraissait.
À peine quelques feuilles (les jeunes pousses du haut) ont manifesté ce rude coup que représente le déracinement et l’exil.
Je me permets de croire que, sans mon intervention, malgré sa vaillance, ce noble chêne n’aurait pu être cet arbre au bout de mon champ.
Ce chêne qui un jour protègera du soleil le pique-nique des grands ou qui soutiendra une balançoire pour les petits enfants de Martin et Catherine.
Il est déjà prodigieux qu’il ait pu sortir de prison. Qu’il ait pu croître en dépit des coups des randonneurs ou du vent qui usait sa délicate et tendre écorce sur la clôture « frost ».
Peut-on dire qu’il était déjà affaibli, malade, sans force par tant de revers ?
Ou fut-il renforcé par tant de détermination !
Que fera-t-il de sa mémoire ?
De sa lutte pour sa survie dès le jour où un gland a trouvé racine, jusqu’à celui d’une « retraite anticipée » au bout de mon champ.
Peut-être s’ennuiera t-il de sa clôture, des randonneurs et de ses envahissants voisins.
Peut-être que le combat pour se faire une petite place dans la nature vaut mille fois la prairie et un horizon sans fin au bout de mon champ.
J’en ai décidé autrement.
Je demande pardon à ce chêne rouge.
Je rends hommage à son combat si brave et inspirant.
J’assume la responsabilité de sa retraite anticipée au bout de mon champ.
J’espère qu’il se déploiera sans entraves.
Que ses branches monteront au ciel, que ses racines plongeront dans les entrailles de la terre et que les enfants de Ludwig et d’Alice se construiront une cabane sur ses solides branches d’où ils pourront admirer le coucher de soleil ou les chenilles qui trouvent refuge sous ses larges feuilles.