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dimanche 15 novembre 2009

17 novembre

17 novembre

Je n’ai jamais su quoi t’offrir pour ton anniversaire.
L’arrivée du mois de novembre marquait toujours le début d’un doux tumulte dans mon esprit : mais qu’est-ce qui pourrait être à la hauteur de Paule ?
Qu’est-ce qui lui ferait savoir l’ampleur de ce qu’elle représente pour moi ?
L’ampleur de ma reconnaissance pour son amour ?
En d’autres mots, qu’est ce qui la rendrait heureuse tout en soulignant son anniversaire de naissance ?

Le doux tumulte se transformait en tempête à l’approche de la date fatidique.
En dehors de la lune, tout le reste auquel je songeais n’était que pacotille et demi mesure.
On offre pas à Paule un demi cadeau.
Pas de côssins en caoutchouc, en plastique, en fer ou même en or.
Ça c’est pour la vie de tous les jours.
Le 17 novembre c’est autre chose.
Paule est née ce jour là.
Il n’y a rien de commercial là dedans.
Le tumulte était viscéral.

Les jours ne font que passer. Éphémères.
Mais son anniversaire est éternel.
L’inverse d’une chimère.
Je le sais maintenant.
Car je vis encore aujourd’hui ce tumulte.
Les premiers jours de novembre ont ramené encore une fois cette question : comment lui dire, quoi lui donner pour que l’espace d’un instant son corps entier sache que je l’aime.
Pour que tout se libère, pour qu’elle n’ait plus mal, qu’elle sache qu’elle n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais seule.
Qu’il n’y a que l’amour qui « règne sur la terre comme au ciel ».
Je le sais maintenant. Elle me l’a appris.

Peut-être que je n’avais pas à chercher plus loin que le bout de mon nez.
Peut-être que j’étais moi-même ce cadeau que je cherchais tant en dehors de moi.
Parce ce que je suis moi-même une prison et que je n’ai de quête que celle de m’évader.
Ou au moins ouvrir une fenêtre.
À chaque fois que je sciais un barreau de ma prison, je nous offrais le plus beau des cadeaux. C’est quand j’étais un peu plus libre de moi-même que tu recevais ce cadeau qui te rendait heureuse.
J’en ai passé du temps avec la lime que tu m’as prêté.
Je te vois encore, émue, quand un barreau cédait. Quand mon château de cartes qui tenait par la peau des fesses s’écroulait. Quand je déconstruisais mes chimères.
Ce n’est pas autrement que l’on apprend à aimer.
Il n’y avait pas plus beau cadeau pour toi.


Je sais que tu me pardonnes d’avoir résister, de ne pas avoir facilement lâcher prise.
J’ai été parfait que tu m’as dis l’autre jour.
Disons que j’étais plutôt slow dans le maniement de la lime.

Aujourd’hui, je dispose d’une scie à fer.
La lame est de qualité et ça ne me fait pas grincer des dents.
Je peux maintenant glisser mon corps hors des barreaux qui me retiennent en dedans.
Tu ne m’as pas seulement donné une scie à fer mon amour. J’ai un tel coffre d’outil que même mon voisin en est jaloux.
J’en suis encore à la démolition et quelques menus travaux de rénovation pour l’instant mais j’apprends progressivement le métier de menuisier.
J’aurai mes cartes de compétences un de ces jours.
Je suis si heureux d’être ton apprenti.

Dans le fond, je me sens en dette.
Tu as toujours été un tel cadeau pour moi.
Et j’ai l’impression de n’avoir su que t’offrir le bruit et la poussière du métal contre la lime.
Du bruit et de la poussière.
Dérisoire résidus d’un être qui cherche à se libérer de la peur et apprendre à aimer.
Je suis un élève récalcitrant ma belle. Mais tu as toujours eu un faible pour les grands garnements.
J’ai tant de chance.

En ce jour anniversaire qui toujours reviendra, je sais ce que je t’offrirai dorénavant.
Un barreau en moins.
Un barreau en moins, c’est de l’horizon en plus.
Et la peur dans son coin, quittera la maison devenue vétuste.

Et comme l’autre Jacques, je ferai un « domaine où l’amour sera roi, l’amour sera loi et tu seras reine ».
Mais contrairement à lui, tu ne m’as jamais quitté.
Et tu m’apportes toujours des cadeaux impérissables qui sont plus que des bonbons…