Ce site est consacré à la mémoire de Paule Pagé.
Vous êtes invités à y contribuer par le récit de vos souvenirs,
de vos anecdotes, de vos images et de votre amour.

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lundi 29 juin 2009

1 mois, j'arrive pas a y croire
comment se fait il que je sois encore debout
tu es tellement présente
autant tu me manques énormement
autant j'ai l'impression d'avoir rigolé avec toi hier
je t'aime maman
j'espère que tu t'es bien adaptée à ton nouveau chez toi
moi, je tente de m'y habituer, un petit peu chaque jour
j'espère que tu es fière de moi
j'ai réussi maman
je sais que tu le sais
car tu étais sûrement aux premières loges
même aux commandes
de l'obtention de ce stupide diplôme secondaire
mais c'est fait et c'est pour toi
tu me manques terriblement
je t'aime plus que tout

vendredi 19 juin 2009

À ma mère

Tant de choses a dire
Si peu de mots
Tant de choses a vivre si peu de temps
Une telle envie d'hurler
Si peu de voix
Tant de questions
Auncune reponses
Tant d'injustice
Si peu de reconfort
Tant de plages
On en aura vu si peu
Tant de mots d'amour
On se les sera tous dis
Tant de toi tu m'auras donné
Seulement 20 ans de moi tu auras pu voir(d'ici)
Un monde si grand
Pourquoi pu de place
Un coeur immense
Qui a peut être trop battu
Je ne sais plus
Une fille si fière
De sa mère si loin
Une mère si proche de sa fille toute perdue
Un cauchemar si irréel
Un réveil si dur
Un espace si vide
Des souvenirs si beaux
Tant de questions maman
Auxquelles je ne t'entendrai pas répondre
Tant de moments maman ou j'aurai besoin de tes bras
J'ai tellement envie maman de crier si fort pour que tu m'entendes et rebrousse chemin
Mais en même temps j'ai tellement envie maman que tu sois dans un monde à ta hauteur
J'aurais voulu pouvoir refaire ce monde ici
Pour que tu y reste et vive en princesse
La vie a decidé de te faire reine mais loin de nous
Ton règne sera éternel
J'espère que tu es bien
Je voudrais tellement que tu me racontes
Avec ta manière bien a toi de raconter des histoires
Je t'aime tellement maman et ça tu l'as toujours su
La chose dont j'ai toujours été et je serai toujours certaine
On s'est choisies
Et même si aujourd'hui la peine que j'ai n'a d'égal que le bonheur énorme que tu m'as toujours apporté
Si c'était à recommencer, même juste pour 20 ans, je recommencerais, parce que comme tu l'as toujours dit, ce qui importe c'est pas la quantité de temps qu'on passe ensemble mais les moments de qualité qu'on peut s'offrir et ça, on a reussi...
Ma meilleure amie,ma coloc,mon coch'
Ma petite maman
Je t'aime plus que tout
Tu es toujours avec moi

Billie

Jour 25

Je ne m’inscris plus dans la structure du temps.
Matin, midi, soir.
Demain, hier.
Je te rejoins qu’hors des heures et des secondes.
Il est si difficile de s’en extraire.
Alors la nuit je rêve.
Et le jour, je ne vais plus travailler. Je n’ai plus de rendez-vous.
Je ne regarde plus les horloges.
Ni ma face dans la glace.
Quel jour sommes-nous ?
Et ainsi, j’ai un instant avec toi, un moment de grâce intemporel.
Je fais du silence.
Et j’écoute.
J’écoute.
Et je crois, je crois entendre.
Peut-être ta voix.
Ou les battements de ton cœur.
J’écoute tant.
Malgré mes acouphènes, malgré que je sois dur de la feuille.
J’éloigne le bruit.
À part la toune de Steely Dan que je mets à fond dans le tapis de temps en temps.
D’ailleurs est-ce que c’est toi qui a fait tomber le vase bleu qui reposait sur l’enceinte ?
Une chute d’un mètre. Un vase en verre même pas cassé.
J’ai jeté le contenu. Des trucs laids et poussiéreux qui n’ont pas supporté la vibration sonore.
Il était temps que je m’en débarrasse.
Merci pour le coup de pouce.
Aujourd’hui des plantes séchées, hier des panneaux de bois.
Demain, SVP mon amour, aide-moi encore à dépouiller, à me dépouiller de tant de superflu, d’encombrants bidules et de trucs trop lourds.
Je veux avoir le cœur léger.
Faire de l’espace au silence.
Et écouter.
Écouter.

Jour 24

Je rêve.
Tu es là.
Discrète.
Affairée et silencieuse.
Complice.
Comme si tu ne m’avais jamais quitté.
Je rêve.
Tu es là.
Et la vie continue.
Tu ne m’as jamais quitté.

Lundi de pluie

J’ai passé l’après midi avec ton frère. Sous ta pergola. À l’abri de la fine pluie et des rares percées de soleil.
Ton frère et ta belle sœur du Manitoba. Ils sont venus te rendre hommage. Le cœur plein de chagrin d’avoir perdu une sœur. La plus jeune, la plus fraîche arrivée dans la famille.
Tu es devenue la sœur de mon frère en février 2008.
Un soir de canicule su la terrasse à Playa.
Jean était si étonné et bouleversé de te savoir orpheline. Il te voyait seule au monde.
Sans repères.
Il t’a dit à ce moment de considérer que, dorénavant, tu avais une famille.
Qu’il en était le frère aîné.
Il décréta que tu étais de la fratrie, de la sororité.
Il avait rêvé d’avoir une 2e sœur.
L’État Civil n’avait pas besoin de s’en mêler.
Pas de document à signer.
Un moment d’éternité sur la terrasse d’été à Playa Del Carmen en compagnie de Jean et Shelly.
Là où la famille s’est agrandie d’un membre.
Nous avions si bien connecté tous les quatre.
En français, en anglais, en espagnol.
Et en silence.
Ils ont eu tant de peine d’avoir perdu leur sœur. Si vite.
Ils disent avoir eu tant de chance de te connaître ces deux semaines de février 2008.
Ils sont venus te rendre hommage. Leur présence ces deux dernières semaines m’a profondément touché.
Ils sont venus de si loin. Ils repartent demain.
Avec deux tableaux de toi sous le bras.
Je les aime tant maintenant.
C’est pas que j’en doutais. Je ne m’en apercevais pas.
C’est peut-être un autre cadeau que tu me fais : ressentir que j’aime profondément Jean et Shelly.
Tu m’as appris les rudiments de l’amour mon minoue.
Merci pour ce grandiose héritage.
J’aurais tant aimé pratiquer encore avec toi.
Mais j’en prendrai soin. Je le protégerai. Le nourrirai. Et le regarderai grandir.
J’ai encore le cœur en lambeaux en pensant que nous n’en prendrons pas soin ensemble.
Nous aurions fait de tels jardiniers.
Nous aurions pris soin de l’amour comme d’une petite pousse naissante, fragile et vulnérable.
Nous aurions protégé la petite pousse du vent et du froid et des affamés qui auraient voulu la dévorer.
Nous aurions arrosé les jours de sécheresse et nourri les jours de disette.
Et notre petite pousse serait, un jour, cet arbre fort aux racines profondes qui n’a plus besoin de protection et de soin.
Montre-moi à être un horticulteur digne de ton héritage.
Je ne mourrai, tranquille, qu’à l’ombre de cet arbre mon amour.

Dimanche d'été

Il y a une semaine, la commémoration.
Depuis, je ne pleure plus à tous les jours.
J’ai un cafard permanent.
Et une peine qui reste derrière mes yeux.
Ils se gonflent un peu.
Par en dedans. Pas assez pour éclater. Aussi souvent.
Je crains de ne plus pleurer.
Ça me fait tellement de bien.
Nous pleurions tant. Je m’ennuie de nos pleurs. De nos peurs.
Partagés.
« Happiness is real only when shared »
Sadness and death is real only when shared mon amour.
Ta mort. Ta naissance. Nous avons partagé chaque jour ta crisse de maladie.
Nous avons partagé nos peines, nos deuils, nos peurs, nos bonheurs.
À chaque instant.
Jusqu’à ta mort.
Ta naissance.
Ta renaissance.
M’attendras-tu mon amour ?
Quand viendra mon tour.
Seras-tu là, heureuse de me retrouver ?
Encore mieux : promettons-nous un autre bout de vie ensemble !
Sur n’importe quelle île des caraïbes pour cinquante ans.
Nous serons totalement heureux. Parce que nous saurons vraiment le privilège que nous avons d’être de nouveau réuni.
Sur une autre planète aussi si tu veux.
Pour une minute ou une heure.
Je serai complètement heureux.
Tu me manques mon amour. Je me réconforte en pensant te retrouver.
Je te retrouverai.
Tu seras libre.
Tu n’auras plus mal.
Tu seras riche.
Tu seras heureuse.
Tu seras rayonnante.
Pour une minute ou cinquante ans. C’est pareil.
Il ne fera pas froid.
Et l’eau de la rivière coulera en nous.
Nous aurons enfin le cœur pur.
Pour une minute ou cinquante ans, c’est pareil.
Crois-tu que je dois mourir ?
Naître ? Maintenant ? Demain ?
Dans une minute ou dans cinquante ans.

Samedi 13 juin

Je relis avec émotion tes bandes dessinées.
Tout y est.
Notre histoire.
En trois magnifiques œuvres reliées avec du fil à tricoter.
Le début de notre histoire et son déploiement.
Deux êtres si différents en tout qui en viennent à ne plus savoir se passer l’un de l’autre.
J’ai un tel motton minoue.
Tu me manques.
Depuis quelques jours, mes lacunes, nombreuses me hantent.
Me font de la peine.
Ces faux-pas, manquements, négligences à ton égard remontent.
Il y a bien sûr les bons coups, les attentions, les initiatives qui entraînent les éloges dont je me suis plu à entendre les mots et les échos depuis trois semaines.
C’est ce qui est apparent. Visible.
Je n’ai pas su m’en flatter.
Parce qu’il y a l’invisible.
Enfoui dans ma propre conscience.
Je regrette ne pas m’être engagé avec toi.
D’être toujours resté sur le pas de la porte.
Terrorisé à l’idée d’entrer.
Je te disais que jamais je n’avais été aussi loin dans l’engagement avec quelqu’un.
Une autre pirouette intellectuelle dont j’ai le secret.
Peut-être aurai-je pu réellement te sauver.
Que ta mort n’aurait pas, que ta maladie n’aurait pas, que la souffrance n’aurait pas.
Si j’avais été si, si j’avais été cela, si j’avais choisi,
Que toi.
Je regrette que tu ne sois plus là.
À chaque jour.
Il n’y avait rien de parfait mais on y arrivait.
Avec toujours un horizon sans fin après l’obstacle.
Peut-être plus fatigué d’un autre tumulte mais plus riche aussi.
Un horizon sans fin mon amour.
Jusqu’au 22 mai.

dimanche 14 juin 2009

Nuit

Je suis un oiseau de nuit. Une bête nocturne. Une sorte de vampire. La nuit m’inspire. Elle éveille en moi ce qui n’est pas permis, peut-être. La nuit est faite pour dormir et je suis faite d’objections, de contestations.
La nuit est noire. Les bruits sont étouffés. La ville est endormie, engloutie par le sentiment de l’accomplissement minable des êtres qui l’habitent. Ils ont joué au grand jour. Ils se sont mis à terme.
Moi, je n’ai pas de fin. Jamais rassasiée. Tenaillée par l’appel de l’obscurité. Sa musique m’émeut. La densité de sa noirceur extirpe en moi une danse illicite. Mon corps se met à vibrer en contre accord. Je file sur la portée d’une mélodie jouée en mineur. C’est complexe.
Je tente pourtant de suivre la mélodie de l’orchestre. Je rate le concert. Il n’existe pas de chef ? Je suis fourbe, je suis imposteur. Je suis jongleur. Je suis cambrioleur de loyauté. À quoi ça sert. À qui cela désert. Vous ne comprenez pas, assurément, mes charabias, mais qu’importe. Je me confesse. Parce que la nuit tout le monde dort. Il n’y a personne qui peut entendre mes impertinences. Et moi je fais semblant d’être endormi. Demain rien n’y paraîtra. J’ai l’habitude. J’ai de l’entraînement malgré mes doutes.
J’aime filer au son de la nuit. Elle me semble interminable, lente, malgré que… Avez-vous déjà écouté la nuit ? Elle raconte des tonnes de secrets, les nôtres. Ceux les plus inédits. La nuit parle. Elle parle de soi. Ce n’est pas toujours facile de l’entendre. Mais pire est la résistance. Je me suis vouée jadis à la nuit. Il m’arrive d’en ressentir des relents. Ils prennent toutes sortes de parfums. Des effluves amers, des émanations vicieuses, mais tolérables. Rarement inoffensives.
La nuit est rarement innocente. Malgré les apparences. Est-elle donc un danger incontestable ? Le danger possède toute sorte de figure. Il revêt plusieurs habits. La nuit étant son favori déguisement.
Je me suis peut-être perdu à travers son accoutrement si burlesque. Je me suis laissée enjôler par ses exaltations. Je suis victime d’un mauvais tour. Je suis si naïve. Cela m’apprendra à écouter l’écho de mes nébulosités. Je me suis éprise de sa mascarade.
Je promets de me réconcilier avec le jour, un jour. Je vais tenter de me faire amie de la lumière, malgré qu’elle tamise certaines de mes vérités. Je m’engage à me suffire de la luminosité afin de suivre la voie qui m’éclairera à travers mes chemins ténébreux. Je bouderai la lune dans son édredon bordée d’étoiles et consens à laisser à la nuit la tâche de livrer ses secrets à mes pairs. Pour le meilleur et pour le pire, j’accepte ô jour de m’unir à toi dans l’accomplissement avec toute mon ignorance et ma volonté. Bonne nuit.

Paule (non daté)

Jour 16

Première rencontre.
1992.
Dépanneur rue Laurier. Tu habitais en bas, j’habitais en haut.
T’étais au comptoir. Tu réglais tes achats.
J’attendais mon tour.
Je me disais : sa beauté à couper le souffle ne peut se permettre de sourire trop souvent.
Elle se doit d’éviter de sourire. Pour ne pas faire ramollir les jambes et agiter le cœur des quidams à son passage. Dix secondes dans un dépanneur. Juste assez pour ne pas me retrouver à l’urgence avec une tachycardie.
1998.
Ma cousine Évelyne. 2e rencontre. Cinq secondes. Dans une salle de réunion. Toi parmi vingt personnes. J’y suis entré pour ressortir aussitôt avec une cliente. Mais je t’ai aperçu au fond de la salle.
Comment ne pas t’apercevoir ?
Un arc-en-ciel dans le coin d’une photo en noir et blanc jaunie. Un lever de soleil dans le désert.
Je me disais : mais qu’est-ce que ange pareil fait parmi ces paumés ?
Une chance que ç a duré cinq secondes. La cécité me guettait.
2003.
Diogène.
Je rentre au boulot. Un matin de septembre. Bang. T’es là. Assise derrière un bureau.
« Allo, je m’appelle Paule, je suis la nouvelle »
16e seconde
20e seconde (…)
22e : tachycardie
24e : genoux mous
26e : eehant, leplep mya sjqseacu te usis rdpreu.
37e : (je pensais très fort être en présence non pas de celle du dépanneur et de chez Ma Cousine Évelyne, mais d’un autre lieu dont ma conscience n’a aucun souvenir)
Paule. Ma nouvelle collègue. Quoi !
Je pourrai te voir et te parler à tous les jours !
Durant des heures, des jours, des semaines.
Des mois. Des années.
Deux milles deux cents seize jours exactement.
Et quinze secondes.

Jour 15

Le 26 mars, nous avons embarqué dans un petit wagon chevauchant des montagnes russes. Le choc lié à la gravité de ton état, la peur qui nous rend visite, le joie et le bonheur de s’aimer, l’espoir que l’on cultive avec soin, la tristesse liée aux mauvaises nouvelles ou aux multiples deuils quotidien.
Des montagnes de Russie dans notre salon.
Aujourd’hui, je chevauche encore un petit wagon.
Mais il ressemble plus à celui que pousse le mineur dans un dédale de galerie 300 pieds sous terre.
Pourtant dehors il y a le soleil de l’été qui s’approche doucement de son solstice.
Mais en dedans, c’est le solstice d’hiver. Les pores de peau toujours souillés, noircis.
J’ai l’air et la chanson d’un mineur. Sol mineur.
Demain, nous te rendrons hommage.
Quelques personnes se déplaceront pour toi.
Entre les multiples obligations, responsabilités et autres oisivetés de la vie.
Quelques heures pour te rendre hommage.
Avant d’aller souper.
Ou faire l’épicerie.
Ou faire son jogging.
Ou regarder la télé.
Ou le nombril.
Risible.
Paule est morte.
Et le jour se lève encore. Les oiseaux osent chanter et la terre tourner.
Je suis odieux.
N’est ce pas.
Ça fait partie du deuil paraît-il. Étape no. 2 ou 3.
Une fine frustration.
De cette terre qui n’en finie pas de tourner.
Elle pourrait ralentir un peu au moins.
Où es-tu allé, toi qui avait tant à raconter
On a laissé quelqu’un quitter notre monde
On devrait peut-être écouter.
Ti li di dam…

Jour 13

Le printemps est si paresseux.
Il ne se remet pas de ton départ.
Lui aussi.
Je paresse autant que le printemps. Ma vie a changé de rythme. Il n’y a plus de musique pour me faire bouger.
Je courrais en tous sens lorsque tu étais malade. Je te tournais autour comme un soufi en transe. Je suis maintenant immobile.
Les seuls pas que je fais sont encore motivés par toi.
Je vais chez le fleuriste. Je répertorie tes tableaux. Je parle à tes amies. Je prépare ta fête.
En dehors de toi, c’est le calme plat. Je m’assieds et attend. Tu reviens toujours. Et je m’active.
Je regarde tes tableaux, erre dans ton atelier.
Des croquis, des toiles inachevées, des éclats de peinture sur le plancher, sur les murs, ton chevalet, ta table de travail.
Je me réjouis du don de ton matériel à ton ami infirmier.
Tu sais qu’il en est très honoré.

Paule

Quoi dire, quoi ajouter, quand il n’y a plus de mots, ou trop de mots à la fois pour qualifier ce que tu étais et le vide que tu laisses. Moins de deux jours avant ta mort, je suis allée te voir, pour te faire mes adieux. Je trouvais à peine les mots et toi tu m’as dit que tu n’étais plus capable de parler, c’est là, que ça s’est cassé en moi, mon amie, ma complice, ma collègue et celle que j’aurais choisie comme sœur allait vraiment s’établir ailleurs et nous quitter.

Lorsque l’inévitable fut, ma peine devint immense et c’est au contact de tes demandeurs et de nos collègues que je me suis apaisée. J’ai pris soin de tes demandeurs avec Rosanne, comme je pensais que tu l’aurais fait. Je me suis faite enveloppante et rassurante et leur ai transmis l’espoir, à eux qui ont encore la vie et leur ai rappelé, comment tu les appréciais et leur faisais confiance.

Quand je pense à toi tous les mots se bousculent, tous aussi fiers, honorés et responsables de vouloir dire qui tu étais. Comme toi, ils sont pleins de fougue, mais demeurent à la fois timides de ne pas être suffisamment précis pour te qualifier. Témoin de la trace profonde que tu as laissée dans nos cœurs et qui est visible dans nos yeux aujourd’hui.

Dès les premiers instants de ton absence pour maladie à Diogène, le manque rôdait déjà, imprégné de la crainte que tu n’y serais peut-être plus. Puis le pire fut, tu n’es plus.

Fini tes clins d’œil craquants et complices que tu me faisais, fini ton rire éclatant, fini ton regard apaisant, plein de tendresse et de compassion. Fini tes élans du cœur impulsifs, plus jamais nous n’entendrons tes mots si directs et crus que ton authenticité, ta passion et tes peurs te soufflaient. Ils ne résonneront plus, sauf dans l’écho du souvenir. Fini ton intensité lorsque tu vivais tes émotions sur fond de drame ou de joie. Fini tes émerveillements, ta créativité, tes extravagances, mais surtout fini tous les possibles avec toi. Irréel et à la fois si tangible ton souvenir palpite en nous. Ta mort s’inscrit dans la vie et la vie pousse déjà son chemin au-delà de la mort.

À Diogène on t’a connue à peine six ans, et si l’on enlève les fins de semaine et les congés, c’est trop court… pour ne plus être témoins de tes accomplissements. Autant tes collègues qui t’appréciaient, que tes demandeurs, demeurent encore sous le choc, inconsolables.

Tes demandeurs disent avoir perdu une sœur, une source d’inspiration et certains craignent même de ne plus être aimés. La plupart, une majorité de femmes, croyaient te connaître intimement, tellement tu avais su t’adresser à leur unicité en les touchant dans leur essentiel. Était-ce parce que ton âme savait l’urgence et sentait la prévalence du temps, que tu étais parfois si directe, voire même provocante, mais si vraie, que tu laissais l’autre sans arme.

Je pourrais chanter ta gloire et ta magnificence et comme je pourrais dire aussi ton insouciance, ta témérité, ton imprudence, de même que tous les pièges et les affronts que ton cœur a subis et qui se sont inscrits si violemment dans ton corps, au point d’en être indénouables et de t’étouffer.

Malgré cela il ne m’a pas semblé que tu aies regretté ton intensité. Tu n’avais pas de demi-mesures et quoiqu’aimant tricoter, je n’ai jamais pensé que tu mourrais à 90 ans en te berçant au coin d’un feu. Le feu, tu l’avais en toi et tu es morte à l’image de ta vie. Ce fut bref, intense et fulgurant, parce que tu avais sans ménagement déjà épuisé tout le potentiel que ta mission de vie t’avait alloué. Cependant, à chacune et chacun de nous, tu nous as aussi transmis les ingrédients et la force pour célébrer la vie.

Dans le dernier couloir de ta vie, tu as aimé à l’essentiel, délaissant les futilités, en lâchant prise et en intégrant qu’aimer c’est donner, mais c’est surtout se donner à soi d’abord… Tu voulais vivre maintenant, pour les bonnes raisons.

Intervenante intuitive que tu étais, à Diogène tu as appris à allier l’organisation, le recul et le goût de la réflexion clinique. À ton corps défendant quelquefois, tu as découvert qu’aider, était aussi poser ses limites, même au risque de perdre, que faire confiance était souvent beaucoup plus payant, que de sauver et de prendre le mal de l’autre comme sien. De sorte qu’une fois intégrée, tu n’amènerais plus maintenant, ton ragoût dans un «tupperware» à un demandeur qui avait faim, ou encore des cannages dans ton sac à dos, mais plutôt, tu l’aiderais à trouver ses propres ressources pour se nourrir.

Dans tes derniers mois d’intervention, tu as pris conscience de la force de tous tes apprentissages et des nouveaux outils que tu n’hésitais plus à utiliser. Tu disais que toute ta pratique d’intervention faisait sens et venait d’en être dynamisée, tu ne forçais plus. Tu en étais, je m’en souviens lors de nos supervisions, très excitée. Nous parlions de tes suivis avec fougue, créativité, compassion et humour. Maudit qu’on a ri ensemble, Paule. Tu avais encore quelques écueils, mais cette fois, tu les accueillais. Tu n’avais plus peur de ne pas être assez bonne intervenante et tu travaillais sur toi plutôt que sur l’autre.
À présent, tu reliais le cœur à la tête, pour l’incarner dans ton ventre et donner naissance au centrement, les deux pieds bien enracinés, sans savoir que ta prochaine intervention serait auprès de toi-même. De ce que tu m’as dit et écrit dans tes derniers jours, tu réussissais à goûter à l’intervenante chevronnée que tu portais en toi. Tu savais aussi qu’elle n’exercerait plus ici dorénavant et tu t’es concentrée sur ton dernier parcours, celui qui t’a menée à mourir ici, pour naître ailleurs.

Je vous partage mon image favorite de la pratique d’intervention de Paule. Dans un CHSLD près de chez vous, un homme âgé, brisé par sa vie et la maladie mentale, isolé, oublié, même de lui-même, rejeté, n’ayant que pour attente, que la cigarette et la mort. Paule sa seule visite, l’appelait son Alexis. Il n’y avait plus rien à dire, sauf faire simple, comme elle savait souvent si bien le faire. Au fumoir à ses côtés, elle se berçait, puis comme ça, Paule s’est mise à chantonner un refrain qui ne menait nulle part, sauf au cœur. Leurs regards se sont croisés et il lui a souri, y mettant ses dernières miettes de vie puis, ils ont continué à se bercer, à fumer pendant que Paule fredonnait encore.

Paule, je te revois au dîner de Noël de Diogène en 2006, où le vin aidant, tu nous avais signifié à chacun d’entre nous, sans retenue, sans filtre, ni peur du ridicule (sauf le lendemain) comment tu nous aimais, mais surtout combien tu avais besoin de sentir comment l’on t’aimait. Le ressens-tu en ce moment…

Merci Paule et à plus tard…


Christiane Cadieux
7 juin 2009
Une commémoration en hommage à Paule s'est tenue le 7 juin 2009 à Joliette.
Le lieu de sa dernière résidence.
Merci à tous d'avoir suspendu le temps d'un beau dimanche d'été pour célébrer la vie de Paule.
Selon plusieurs, elle y était, heureuse de nous aimer et heureuse de ressentir que nous l'aimons. Elle s'est, semble-t-il, déchaînée sur la "toune" de Steely Dan !
Merci aussi pour l'enthousiasme avec lequel vous avez accepté son cadeau: nous la savons honorée et ravie que ses derniers tableaux trouvent refuge dans vos maisons.
Vous pouvez continuer d'alimenter ce blog de vos réflexions, vos anecdotes, vos souvenirs.
Nous en prendrons bien soin pour les mois à venir.
Ainsi, nous nous assurerons de tirer de sa mémoire et de son héritage, ce qui fera de chacun de nous, peut-être, de meilleure personne.

jeudi 11 juin 2009

Chanson d'amour

Paule, je te chante une chanson d'amour.
Tu ma aider a grandir avec ta sagesse, ta compréansion.
Paule, tu étais toujours présente
tu ma tendue la main.
Aujourd'hui, tu ma sauvé de toutes mes misères et tu me manque déjà.
Je suis reconnaissante.
Avent de finir cette lettre, je voudrais te dire que tu seras près de moi.
Repose en paix Paule XXXXX

Denise

mardi 9 juin 2009

Jour 12

Je relis une lettre.
Du temps d’un tumulte. Octobre 2007.
Tu m’y disais n’avoir jamais su aimer. Que tu ne savais non plus te laisser aimer.
Que tu étais toute mêlée.
Tu croyais que le tumulte annonçait la fin. Comme d’habitude. Comme toujours. L’expérience qui se répète. Encore.
Celle qui te tue. Celle que tu crains le plus. Celle qui te fais le plus souffrir.
Et moi je veux me servir du tumulte qui nous brasse. Voir ce qu’il cherche véritablement à nous dire, ce qu’il nous apprend.
Peut-être le laisser souffler les débris tombés, inutiles et encombrants.
Peut-être que le tumulte ma belle n’est pas la fin. Et qu’aujourd’hui n’est pas hier. Et que nous pouvons être hors de ce que nous avons été.
Même si nous en sommes marqués. Au fer rouge.
Je connaissais tes cicatrices. Mais je savais aussi une chose : elles n’étaient pas toi.
Tes blessures n’avaient rien altéré. Je savais ton cœur intact.
Je n’ai jamais su ou pu éliminer la douleur des plaies. Je fus peut-être un piètre infirmier.
Mais je fus un vaillant et heureux explorateur de ton cœur. Je me suis acharné à aimer la chair derrière la plaie.
Là où règne ta créativité, ta générosité, ta fine intelligence, ton art de l’observation, ta spontanéité, ton intensité, ta réelle beauté.
Quelle chance j’ai eu.
Le tumulte ne nous a pas emporté.
Et j’ai pu encore t’explorer.
Presque cinq cents jours de plus…

lundi 8 juin 2009

Jour 11

Il se lève.
Et je t’espère encore dans le silence de la maison. Dans ta présence qui hurle encore quand je m’assoies au salon, quand je prépare le café, quand je me déplace d’une pièce à l’autre.
Un tiroir, une porte s’ouvrent. Tu es là. Sans y être.
Une pensée, un souvenir apparaissent : tu es là.
La solitude ne me pèse pas. Grâce à elle, je suis bien mieux et complètement avec toi.
Le silence non plus ne pèse pas. Il est plein de toi.
Une fanfare.
Paule’s Band Orchestra dans mes oreilles.
Je ne cherche pas à me divertir, à me changer les idées, à décrocher.
Je cherche à me concentrer avec vigilance et attention et m’imprégner de toi.
Comme je peux.
J’ai besoin de te parler, t’écrire. Peut-être de me parler et de m’écrire.
J’ai besoin de pleurer pour temporairement vider le « motton » qui me gonfle et me noue la gorge.
Ce matin, aux premières lueurs, je me rappelais ton rituel du soir. Avant de t’endormir pour tes trop courtes nuits tu me lançais invariablement : « …bonne nuit, j’ai hâte de te voir demain… »
Bonne nuit minoue.
Moi aussi j’ai hâte de te voir demain.
J’espère que tu dors bien. Enfin. Que tu te reposes. Enfin. Que tu n’as plus mal. Enfin.
J’ai hâte de te voir demain.
Il semble que je n’ai pas encore terminé mon tour de piste. Il doit me rester encore quelques pirouettes à faire pour épater la galerie. Et me donner l’illusion d’être vivant.
Dans le fond, c’est peut-être moi qui suis mort. Et toi qui est vivante.
Où es-tu mon amour? Je te rejoindrai.
Prenons rendez-vous. La nuit prochaine. Quand je m’endormirai, j’irai ton chemin et nous passerons la nuit ensemble. Nous nagerons avec les dauphins si tu veux. Nous nous regarderons, sans parler. Nous jouerons à retenir nos fou rires.
Je suis si peu doué pour les chemins parallèles, les mondes « paranormaux » et les autres plans d’existence.
Où es-tu?
Peut-être, ne veux-tu pas avoir de la visite.
Déjà qu’à la fin de ta vie, je n’ai pu retenir tout le flux d’amies qui désirait te voir. En dépit de tes formelles directives.
Tu voulais la paix.
Tu voulais mourir en paix.
Sans compromis, sans simagrées.
Et moi qui, au-delà de ta mort, veux encore prendre rendez-vous.
Me pardonneras-tu ma peine?

Chère Paule

Je n’ai pu être présente pour la commémoration, je n’ai pas été une grande amie, nos chemins se sont simplement croisés à 3 moments que je n’oublie pas même avec le temps.

La première fois, j’étais avec Amlas, tu te dandinais comme une petite fille avec le bonheur au cœur de retrouver Amlas. Tu m’as marqué cette première fois par ta chaleur et tes yeux rieurs.

La seconde fois tu es arrivée à la rue des Femmes et oups un regard, un échange et tout à coup je me souviens…c’est toi la fille qui connaît Amlas…ben oui eh ben…On s’est parlé, simplement, pas de cérémonie avec toi Paule, la simplicité vrai.

Puis voilà que l’année dernière tu arrive encore à la rue des Femmes avec une participante à nous présenter. J’avais su que tu viendrais et je ne voulais pas te manquer. On a jasé, encore une fois simplement…

Seulement 3 moments de vie Paule et c’est suffisant pour que tout au long de ma vie je me souvienne régulièrement de toi. Je n’oublierai pas.

Mes sincères pensées vous accompagnent, vous, son conjoint Jacques et sa fille Billie ainsi que tous ceux qui vivent la peine de son départ.

Ma Deva Eshana

Un dernier petit mot à la Belle Paule

La belle Paule, qui aurait dit qu’un remplacement de maladie allait être aussi dramatique…Tes demandeurs s’ennuient tellement de toi… tu leur manque beaucoup…

1 an et demi pour te connaître c’était pas beaucoup… mais je m’ennuie ! Je rêve d’arriver dans l’escalier de secours puant du bureau pis de te voir assise entrain de fumer tranquillement avec tes jupes de couleurs, tes bas pas pareils et tes bottines… J’aimerais ça te parler de tes demandeurs… que tu me donnes des trucs, que tu m’aides à dédramatiser tout ça avec ta simplicité, ta chaleur et ta compréhension de leurs malheurs, de leurs couleurs…

Quand j’ai commencé le remplacement et que j’annonçais ta maladie, après chaque rencontre, j’espérais tellement que tu guérisses… Je voulais pas vivre les cris, les larmes, les pleurs, l’incompréhension, la colère … Je sentais tellement l’attachement, la force du lien que tu as créé avec eux… Je voulais pas vivre ma propre peine et je voulais pas la revivre une dizaine de fois par semaine…Mais là c’est fait… les larmes, les cris, la colère, l’incompréhension se sont manifestés… Souffrance est le seul mot qui me vient en tête…

Tu m’as dit de faire confiance à tes demandeurs et tu avais raison… malgré les larmes, les cris, les pleurs, la colère, ils et elles sont courageux et courageuses et font de leur mieux pour vivre leur deuil sans trop se maganer le corps et l’âme …

Je pense tout le temps à toi quand je travaille, que ce soit quand les demandeurs me racontent des moments passés avec toi ou avant / après les rendez-vous… Paule passait peut-être par ici, est-ce que Paule était en retard quand elle devait aller là-bas (c’est loin en chien) ?, Ahhh Paule, je sais pas quoi faire avec ça… tu ferais quoi toi ?, Paule qui donne un dessin, un porte-clé, un foulard, qui confie des secrets ou qui montre à écrire…Paule la secrète qui parle d’un Robert acupuncteur au lieu d’un Jacques intervenant (et acupuncteur J), qui explique qu’elle a trois enfants, 1 garçon et 2 filles…

Merci Paule, merci pour la qualité du lien que tu as su leur offrir dans la présence, la compréhension et la complicité… Merci pour tes rires incroyables, pour ton accueil chaleureux et ta présence rassurante…

Je m’ennuie et le bureau semble moins coloré depuis que tu es partie …
Bon voyage la Belle Paule…veille sur nous …

De Billie

dimanche 7 juin 2009
aujourdhui c'était ta journée maman
j'ai jamais ressenti autant d'amour et de sincérité dans un seul et même endroit
je pense que même si c'était pas le centre Bell, c'était à ton image
vrai, mangnifique, sans artifice
tout l'amour maman derrière l'organisation
l'homme de ta vie y a mis tout son coeur
aidé de ta belle fille (noem) et de son amoureux(mario)
je sais que tu y étais et qu'est ce que tu devais pleurer!
Toute la journée je me disais que t'aurais tellement voulu être là physiquement pour serrer tous ces gens qui te pleurent dans tes bras
pour les reconforter un peu de la peine qu'ils ont de ne plus t'avoir physiquement juste a coté avec ton rire eclatant
parce que la seule personne qui pourrait apaiser ne serait ce qu'un tout petit peu la douleur si vive ,ben c'est toi maman
c'est par toi qu'on a envie d'être rassuré.
je t'aime tellement maman jai envie de le crier
Tu as été superbe tout le monde n'avait que le même adjectif sur les lèvres pour te définir très brievement: entiere! 100% Paule
T'as reussi !T'as laissé une marque (je pourrais dire un cratère,un vide)inneffacable de toute beauté
remplie de sagesse et de victoires
Je suis tellement fière de toi et de voir que toutes ces personnes aujourdhui dont tu as marqué la vie à différentes époques, differents niveaux, étaient là tous fières de t'avoir connu et emportant chacun un ptit souvenir,une anecdote, une partielle de rire, un ptit bout de chemin peu importe tu leur a tous laissé quelque chose de significatif.
En ce qui me concerne tu m'as laissé la vie, la tienne un peu, la mienne, tu me l'as remise entre les mains
tu m'as fait confiance
je taime maman

jeudi 4 juin 2009

Salut Ma Chum

Cela fait 4 jours que je tourne en rond autour de ce blog.....j'y viens et reviens 100 fois par jour...je visionne et revisionne tes photos. Je suis triste ma chum mais tellement triste....
Mon coeur tremble toujours mes yeux brûle tout le temps depuis le jour ou j'ai appris que tu étais malade.... le 3 mai un dimanche tout beau, ensoleillé qui s'est transformé en un instant en cauchemar.
J'avais d'ailleurs rêver de toi 4 jours auparavant et je savais déjà par intuition ou par téléphathie qu'il y avait quelque chose de Bad! Je t'ai laissé un message sur ton répondeur à Montréal.....tu n'y était plus....Jacques te soignais déjà chez lui, chez vous.
PAULE PAULE je criais; fais moi signe STP, je criais en voiture je criais ton nom.....je criais NONNNNNNNNNNNNNNNNNNNNN c'est impossible. J'aurai tellement voulu te voir, je n'avais rien à te dire que tu ne savais pas déjà......tu savais que je t'aimais et je savais aussi que tu m'aimais MA CHUM.....
J'aurais juste voulu te bercer un peu, dans le silence de nos souvenirs communs, ce genre de silence qui parle tellement fort.....qu'on peut juste en ressentir les vibrations. J'ai tout vécu avec toi Paule tu as fait partie de ma vie 30 ans durant tu imagines.....
Oui bien sûr nous nous sommes perdu à l'occasion mais toujours nous nous sommes retrouvé. Comme dans la chanson Des vieux amants de Jacques Brel....
C'est trop petit ici....pour tout mes sentiments Paule.
Ne sois jamais inquiète ma chum, jamais, jamais, jamais......
Je t'aime pour toujours ma chérie!

Ta chum Suzanne xox

mardi 2 juin 2009

Jour de pluie

On se croirait en novembre. Nous en sommes pourtant presque à juin.
J'aurais voulu rester au lit. Ou plutôt, y retourner. Ce que nous aimions par dessus tout: se lever tôt, se débarbouiller, prendre un déjeuner copieux et, aller se recoucher.
Et faire l'amour.
Et parler.
Lire et roupiller.
Je ne me retournerai pas me coucher ce matin.
Je ne dors plus sans ton corps soudé au mien dans l'étreinte qui précède le sommeil.
Nous étions comme des enfants, instantanément rassurés, à l'abri, en complète sécurité.
De simples draps de coton qui nous protégeais.
Notre abri anti-atomique contre la menace nucléaire.
En coton égyptien.
Mon minoue.
Je me demande encore de temps en temps ce que j'aurais dû faire pour te garder plus longtemps.
Ou ce que je n'aurais pas dû faire.
Peut-être aurions-nous dû aller à l'Institut Hyppocrate dès le début.
Plutôt que la chimio et la radio.
Peut-être aurions-nous dû annuler le crisse de voyage au Mexique.
Peut-être qu'ainsi nous aurions pu détecter le mal qui te rongeais avec précision.
Peut-être aurions-nous pu déjouer le mal.
Ou l'affronter avant qu'il ne constitue son implacable armée de brutes sanguinaires.
Peut-être que je devrais reclamer la prison à vie pour ceux et celles qui n'ont pas vu l'anomalie.
Peut-être que notre vie allait encore trop vite pour que l'on puisse véritablement sentir, ressentir le rythme du temps.
Peut-être aussi que nous nous croyons invincible.
Et que ça arrive juste aux autres.
C'est tellement ironique que le mal soit apparu au lendemain de ton 45e anniversaire.
Quand tu as arrêté de fumer le 17 novembre.
Les premières manifestations du mal sont apparu le 18 au matin.
Et tous ces signes et tous ces symptômes et tous ces malaises furent associés au sevrage de la clope.
On se disait que c'était normal.
Peut-être aurais-tu dû ne jamais cesser.
Car il n'y a plus rien eu de normal à partir de ce moment là.
Une toux qui ne te donne aucun répit. Une plus grande fatigue. De plus constante douleurs.
Le tout atténuer par l'excitation de préparer notre voyage au Mexique avec nos filles et nos gendres.
La mer guérit tout me disais-tu.
Ce n'est pas une "bronchite" qui résistera aux Caraïbes croyions-nous.
Une "bronchite" !
Une "bronchite" diagnostiqué par un doc de Montréal, une "bronchite" diagnostiqué par un doc d'Isla, une "bronchite diagnostiqué par un doc de Playa.
Trois "bronchites".
Nous y avons cru à la "bronchite".
Pendant des semaines. En se disant à chaque jour que ça ira mieux demain.
Que le nouveau traitement fera la job enfin.
Ta toux s'aggravant.
Ta fatigue s'aggravant.
Tes douleurs s'aggravant.
Mais pas ta confiance.
Au retour, ta "bronchite" s'est transformé en cancer du poumon métastasique incurable.
Du jour au lendemain.

lundi 1 juin 2009

À Billie et Jacques

D'abord excuse-moi de ne pas avoir pris le temps de te contacter plus tôt, c'est qu'on a pas toujours les bons mots pour exprimer notre peine. On ne se connaît pas beaucoup, ce qui me rend un peu plus vulnérable mais je veux t'offrir mes plus sincères condoléances.

J'ai visité la page de Paule et quelle chance elle a eu de te connaître. L'amour qu'elle te portait, c'est ce que je retiens de son cheminement de vie parfois cahoteux . Je sais qu'elle t'aimait sincèrement et j'étais tellement fière qu'elle ait finalement trouvé l'âme soeur.

C'est difficile pour moi de réaliser cette mort subite, même si on ne se voyait pas comme dans notre jeunesse, Paule était le bébé, notre bébé à toutes et le demeurera à jamais.

Je lis ces textes et retourne en arrière, je me souviens tellement de ce qu'elle raconte en parlant de l'épisode RAYMOND qui la terrorisait. Je la prenait sous mon aile cette petite cousine espiègle qui était trop souvent, selon moi, laissée à elle même. J'ai souvent joué le rôle de grande soeur auprès de ma protégée et là, tout est arrivé tellement vite, trop vite, je n'ai pas pu lui exprimer tout mon amour une dernière fois.

Je lui ai écrit un petit mot que j'ai envoyé à Ginette. Je ne pourrai malheureusement pas être des vôtres ce dimanche mais à chaque jour, depuis le 22, je pense à elle, à toi et à Billie.

Amitiés,

Marie Josée (Zézette pour Paule)

Guerrières de lumière

Jacques
Je viens de lire la nouvelle. Merci de me la partager même si elle me fait pleurer.
Je suis reconnaissante de savoir. C'est ça aussi la vie . J'ai connue Paule au Cegep . Elle était mon élève. Et elle est devenue mon amie, le temps d'une phase de vie.
Nous partagions aussi l'amour de Baghwan Osho. Toutes deux sannyasins.
Je l'ai beaucoup, beaucoup aimé. Et je l'aime encore et toujours.

Je partage avec toi cette peine. Tes textes m'ont pris le coeur. Je sais en te lisant l'amour d'un homme pour une femme. J'en ai toujours douté. Merci de m'ouvrir cette porte. Tu vois, la vie est bonne, Paule à travers toi me touche encore.
La vie veut vivre et continuer.
Je t'embrasse comme un frère, reconnaissante que tu ais aimé ainsi ma Paule . Elle en avait aussi tant besoin.

Dhyan Amlas (Louise)

P.s. Je serai à Québec le 7 pour mon mandat de Lumière. Sois sûr que je l'accompagne dans sa montée vers la Lumière . Et oui des anges ça existent!

Ma Paulich

Ma Paulich, Ma Paula, Matante!!! Quel vide de penser à ton départ, une grosse boule dans la gorge et en mêmes temps que de bons souvenirs... Tu me manques beaucoup ma chérie, tu étais une personne unique et je te garderai dans mon coeur à jamais, je t'aime Paula et j'ai de la difficulté a croire que tu es partie... Merci d'être passé dans ma vie, il ne faut pas pleurer ton départ mais plutôt se souvenir de la chance que nous avons eu de t'avoir connu.... Que l'au-delà t'accueil dans toute sa slendeur et à la hauteur de tes attentes... Je t'aime!!! Carolinexxx
Jacques,
I am so shocked and sorry to hear of your sad news. I never knew Paule, but I feel your loss. The picture speaks volumes and your words are very touching.
Life must feel impossible right now, but you should know that I am thinking of you and wishing you strength and peace.
We will talk soon.
In the meantime, take care of yourself,
Love,
Carol

Rituel

Voilà Jacques...j'imagine que l'enterrement de Paule c'est fait cette semaine....
Et c'est très dur de t'imaginer de l'autre côté de l'océan...
Alors nous avons fait notre deuil à deux Jean-Pierre et moi....les fleurs vont pousser avec elle...j'ai bien protéger la photo...et puis le papillon...j'imagine l'âme de Paule qui s'en va doucement...
C'est sur cette photo que nous avons chanté...street of London pour Jean-Pierre et moi un morceau irlandais.

Geneviève
Il y a des moments durs dans la vie...et je trouve que le deuil en fait partie. J'aurais bien voulu t'entendre au téléphone...mais je n'en étais pas capable...toutes mes émotions reviennent en vrac quand j'apprend le décès d'un proche et surtout ton chagrin de l'avoir perdue.

Alors demain...je vais acheter des fleurs..et mettre sa photo pour t'accompagner dans ce deuil et nous chanterons Jean-Pierre et moi en ce disant qu'il n'y a pas de distance quand il s'agit de la pensée d'un être aimé! C'est injuste....et le fait d'être aussi loin de toi, sans pouvoir te toucher, te soutenir dans ce manque....nous rends JP et moi triste

Je t'embrasse tendrement ainsi que tes proches...je pense à sa fille entre autre.

geneviève

Jour 8

Comment le jour peut-il encore se lever sans toi.
Sans ton regard admiratif, braqué à l’horizon, à scruter les milles nuances de la lumière qui naît.
À chaque matin.
Tes moments privilégiés.
J’ai laissé, j’ai consenti à te laisser aller le 22 mai.
J’ai l’impression de t’avoir menti.
Je t’ai encouragé à nous quitter même si nous avions de la peine, même si nous aurions voulu te garder pour toujours.
Je t’ai dit que nous saurions vivre sans toi.
Que tu ne devais pas t’en faire pour nous qui te regardions mourir.
Que nous serions même plus fort et riche de toi pour continuer notre chemin.
J’ai l’impression de t’avoir menti.
Mon cœur est en lambeaux et je suis une loque.
Je te garde en moi.
Je ne parle que de toi.
Je m’occupe encore de toi.
Je veux te rendre hommage ma belle.
Je veux que le monde s’enrichisse de toi et qu’il chérisse ton héritage.
Je voudrais que le monde s’arrête et qu’il puise en toi, qu’il soit à jamais transformé à cause de toi.
C’est pathétique. Vite un psy! Je dois avoir besoin d’une petite consultation…
Ce n’est pas romantique ce qui m’arrive ma belle, c’est somatique.
T’es partout en moi, dans ce corps qui vibre, à défaut de te serre dans mes bras.
J’étais tellement attaché à ton corps, à tes rires, à ta parole, à ta spontanéité, à tes tempêtes, à tes aubes calmes, à tes larmes de désespoir, à tes larmes de joie, à ta cuisine inventive, à tes pas de danse, à tes moments de transe, à ton élan créateur devant une toile, aux formes de ton corps dans ton tablier, aux formes de ton corps dans ta robe de nuit, aux formes de ton corps dans tes jeans, ton tshirt, sous la douche, dans l’eau du lac, de la rivière, en marchant sur la rue, dans notre bureau de la rue Ste-Catherine, dans notre lit, en cuillère.
Hostie que je m’ennuie de toi.
Dois-je apprendre à vivre sans tout ça dorénavant?
Et apprivoiser un autre type de présence, une autre façon d’être là.
Sans tous ces liens, sans les sens qui te vois, t’entends, te goûte, te touche, te sens, te penses.
Une autre façon d’être là.
Quand mon cœur hurle, je ne puis vraiment apprivoiser ta « nouvelle présence ».
D’abord le sevrage de mes sens nourrit de toi, ensuite, la « réhabilitation » nourrit de ta nature véritable.
C’est le deuil.
Tu sais, égoïstement, je voulais te garder, même malade, mais pas trop quand même, jusqu’à la fin du monde.
Malade tu aurais cessé de travailler.
Malade tu te serais reposé.
Malade tu aurais eu des soins de toutes natures.
Et malade tu aurais peints, écrit, tricoter, on aurait parler des jours qui passent, de nos humeurs, gais et las et de ce qu’on veut manger pour souper.
Tu n’aurais plus jamais fait la vaisselle.
Ni le lavage.
Tu aurais cueilli des fleurs.
Pris un bain en haut et dans l’eau du lac Léon.
Tu aurais marché à tous les jours vers la rivière et mesurer la fluctuation de son débit.
Tu aurais parler à tous tes amis-es.
Et tu aurais encore plus aimé Billie (comme si cela était possible).
Et un jour, ses petits…
Pourquoi t’es partis, parce que ta vie était finie?
T’avais fini ce que tu étais venu faire parmi nous? Déjà?
Pourquoi dans ta vie, quand tu voulais mourir, elle s’accrochait, et quand tu voulais vivre, elle se refusait?
MERDE
Paule a écrit un roman "Un taxi pour Marie-Louise" autour de 1995.
Elle a vainement cherché à le publier.
Nous avons parcouru ses effets personnels à la recherche d'une copie. Sans succès.
À l'exception d'un court extrait de 5 pages trouvé dans son ordinateur.
C'est tout ce qui en reste pour l'instant.

Peut-être quelqu'un , quelque part a conservé une copie sur disquette ou sur papier.
Nous serions si heureux de s'en imprégner. Merci mille fois de nous le faire savoir.

À Paule

L'amour c'est comme la mer.
Tantôt bleu royal, majorelle,
Elle est puissante et transparente
Salée, tempérée, elle s'agite
Mais se calme toujours.
Elle nous renverse, nous inonde
Nous permet de traverser l'immensité
Elle va en constant mouvement, turquoise
Contre vents, contre marées
Parce qu'elle contient toute LA VIE.
Je t'aime

Noémie